C'est la rentrée!
Septembre, c’est la rentrée scolaire pour tout le monde. Quoi? Vous n’êtes pas étudiant et vous croyez que cela ne vous concerne pas? Mais je sais très bien que la rentrée scolaire va vous affecter, tous! Pour les parents, cela implique l’achat de différentes fournitures scolaires, pour les propriétaires de maison ou condo, cela implique le paiement de taxes scolaires et pour les autres? Une importante augmentation du nombre de véhicules aux heures de pointe! Je ne sais pas pour vous, mais j’ai toujours ce sentiment qu’il y a quelque chose qui change dans l’air lorsque la rentrée survient. Et pourtant, le monde qui nous entoure n’a pas tant changé en si peu de mois, pour les consommateurs que nous sommes. Faisons un petit tour d’horizon des derniers mois pour constater ce qui est arrivé.
Dans le domaine des finances personnelles, on ne peut pas passer sous silence les nouvelles règles concernant les cartes de crédit (Leroux, 2019). Ainsi, le paiement minimal dû sur la carte de crédit sera maintenant de 5% plutôt que 2%. Pour les détenteurs d’une carte, cette modification se fera graduellement pour atteindre les 5% le 1er août 2025. Toutefois, pour les nouveaux détenteurs, le pourcentage minimal sera fixé à 5% dès l’obtention de la carte. Comment réagissez-vous à cette nouvelle? Personnellement, aussi étonnant que cela puisse paraître, je crois qu’il s’agit d’une bonne nouvelle. En effet, il semble y avoir beaucoup trop de consommateurs qui ont oublié que la carte de crédit n’est pas de l’argent qu’elles ont véritablement en poche, mais bel et bien de l’argent emprunté. Il faut donc rembourser le plus rapidement possible, et idéalement le montant dû total, afin de ne pas payer de frais d’intérêt astronomiques. Si vous consultez l’article de Leroux (2019), vous pourrez visualiser un tableau qui montre comment le fait de passer de 2% à 5% est avantageux pour le consommateur. Ainsi, pour un solde dû de 1000$, si une personne rembourse seulement 2% de ce solde, elle remboursera la totalité en près de 26 ans, et elle aura payé, en frais d’intérêts, 3001$ (donc trois fois le montant emprunté!). En contrepartie, pour un même prêt de 1000$, si une personne rembourse 5% du solde dû, elle remboursera la totalité en 6 ans, et elle aura payé, en frais d’intérêts, 441$ (donc moins de la moitié du montant emprunté!). Cette modification à la réglementation est clairement avantageuse pour le consommateur, car cela permet de diminuer l’endettement.
Toujours à l’avantage du consommateur, la Charte des voyageurs est rentrée en vigueur en juillet dernier, de façon partielle (Charbonneau, 2019). La mise en vigueur de cette Charte se fait en deux phases. Selon cette Charte, lorsqu’une compagnie aérienne accepte de réserver un siège au-delà de sa capacité, elle devra dédommager tout consommateur qui se voit refuser l’accès à l’avion. Elle devra aussi dédommager les passagers dont les bagages sont perdus et endommagés et permettre aux passagers de sortir de l’avion si l’attente est de plus de trois heures. C’est tout de même incroyable qu’une réglementation doive être imposée par le Ministre des Transports du Canada pour des éléments de respect envers la clientèle aussi basiques! Je suis sidérée, mais secrètement contente de voir que nos diplômés pourront contribuer à créer des entreprises plus responsables et soucieuses de leurs consommateurs. Espérons que l’application de cette Charte se fera facilement pour le consommateur.
Dans le monde de l’aviation, nous avons été témoins de deux événements dans la dernière année : Wow Air cesse ses activités et Air Canada veut acquérir Transat (Agence France-Presse, 2019; Desjardins, 2019). Du point de vue des consommateurs, ceci ne représente pas de bonnes nouvelles. En fait, ces deux événements combinés ont pour effet de diminuer la diversité des compagnies aériennes disponibles pour le consommateur canadien. Qu’arrive-t-il lorsque peu de compagnies offrent un même service? Un risque pour le consommateur de devoir payer le prix qu’on lui impose, sans compétition pour faire la guerre des prix. La transaction entre Air Canada et Transat n’étant toujours pas conclue au moment où j’écris ces lignes (Teisceira-Lessard et Codère, 2019), nous devrons être attentifs à l’impact que la vente de Transat aura sur le marché de la vente de billets d’avion, pour les consommateurs.
D’autres éléments doivent susciter notre attention en tant que consommateurs : le respect de notre vie privée et les fraudes via textos ou courriels (Bouchard, 2019). Nous laissons des traces de notre vie privée à plusieurs endroits : concours, sites de vente et pour beaucoup sur les médias sociaux tels que Facebook (Lepage, 2019). J’ai moi-même un profil sur Facebook, mais de plus en plus, j’évite d’inscrire quoi que ce soit de ma vie privée sur mon profil. Sachant que nos données sont vendues ou « perdues », il est impératif que l’on soit plus prudent avec la divulgation de nos données. D’un côté, il est plutôt difficile d’éviter de laisser toute trace numérique de notre existence, d’un autre côté, on ne se sent pas protégé du tout. Il semble donc que ce soit au consommateur d’être vigilant et d’apprendre à être sceptique devant des courriels ou des textos inattendus. L’Autorité des marchés financiers a d’ailleurs comme objectif d’éduquer les citoyens en matière de fraude et propose une campagne de sensibilisation à porter à votre attention (Finance et investissement, 2019).
Parmi tous les éléments qui ont suscité notre intérêt dans l’actualité concernant les consommateurs, j’ai dû faire quelques choix. Le dernier élément dont je voulais discuter est celui des nombreuses actions collectives qui ont été autorisées dans la dernière année. Plusieurs domaines ont été touchés, par exemple la téléphonie ou la pharmaceutique pour ne nommer que ceux-ci. Il est légitime de se demander ce que le consommateur a à gagner dans ces recours (Perron, 2019). Néanmoins, je crois qu’il est pertinent de montrer au grand jour les mauvaises pratiques des organisations afin de permettre aux consommateurs de juger s’ils veulent continuer à faire affaire avec une entreprise fautive. Ainsi, qu’est-ce qui a changé pour les consommateurs? Il y a beaucoup d’éléments : des lois, des réglementations, des fusions, des fraudes, des actions collectives, etc.
Néanmoins, ce qui demeure inchangé c’est l’importance pour le consommateur d’aujourd’hui de demeurer informé et averti. Il s’agit d’ailleurs de l’un des rôles de nos diplômés lorsqu’ils seront sur le marché du travail : avoir à cœur le bien-être des consommateurs/clients au sein de leur organisation. Dans les billets du blogue Consommatique précédents, il était mentionné que l’une des façons de se démarquer dans un marché compétitif est d’offrir un service client irréprochable. Je pense sincèrement que l’un des moyens de servir le consommateur d’aujourd’hui est de mettre en priorité son bien-être en tant que personne humaine et de ne plus le voir comme un signe de dollars potentiels. Je ne suis pas naïve, je sais que les organisations ne vivent pas d’amour et d’eau fraîche. Cependant, naïves sont les organisations qui croient encore que le consommateur n’a pas le pouvoir et qu’elles peuvent agir sans se soucier de lui. Le choix de dépenser son argent durement gagné dans une organisation ou une autre peut faire toute la différence sur la pérennité d’une organisation et chaque petit geste compte.
Jacinthe Cloutier, Ph.D.
Professeure adjointe et directrice des programmes de 1er cycle
jacinthe.cloutier@fsaa.ulaval.ca