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Billet octobre 2021

Comment ne pas gaspiller sa citrouille!

Non, je ne vous ferai pas un regroupement de recettes pour cuisiner votre citrouille effrayante de cette Halloween! Le web en regorge et je vous invite d’ailleurs à les consulter! Mais savez-vous comment se nomme cette action qui consiste à utiliser au maximum toutes les parties d’un aliment pour minimiser le gaspillage alimentaire?


La revalorisation alimentaire. Par exemple, j’ai appris récemment que l’on pouvait cuisiner les fanes de carottes pour faire du pesto ou les feuilles de fraises pour obtenir une eau aromatisée à la fraise. Même lorsqu’on croit ne pas être en train de gaspiller, on découvre des utilisations qu’on ne soupçonnait pas du tout! Fouinez sur le web, vous trouverez assurément des trucs et astuces insoupçonnés à ce propos.

Ce qui m’amène à vous poser la question suivante : Connaissez-vous votre niveau de connaissance sur les comportements constituant du gaspillage alimentaire? En remplissant le quiz en ligne suivant : Gaspillage alimentaire ou non? vous serez en mesure d’évaluer vos connaissances!

Surpris du résultat? Si cela peut vous consoler, vous n’êtes pas les seuls à entretenir les mêmes croyances. Selon les résultats d’une étude effectuée par une équipe de chercheures du programme des sciences de la consommation, les cinq comportements que les gens ont identifiés en plus grand nombre comme n’étant pas du gaspillage alimentaire sont les suivants :

  • Donner des aliments à un animal domestique au lieu de les jeter.
  • Mettre au compost des aliments qui ne sont plus bons à manger au lieu de les mettre à la poubelle.
  • Renverser un breuvage (ex. : un verre de lait, de jus, etc.).
  • Vider le reste d’une tasse de thé ou de café dans le lavabo.
  • Jeter les restes des assiettes de ses invités.

Les premiers comportements de la liste ont été rapportés par plus de 80% des répondants de l’étude. Il se peut que vous ne soyez pas d’accord, et que pour vous, lorsque les aliments ne sont pas jetés et qu’on leur trouve une utilité différente (nourrir un animal, composter), alors il n’y a pas gaspillage. Lorsque l’étude a été mise sur pied, il était important d’utiliser une définition provenant d’une source crédible. La définition de RECYC- QUÉBEC avait alors été retenue puisque cet organisme regroupe des leaders en la matière. Ainsi, la définition retenue était celle-ci :

« Toute nourriture destinée à la consommation humaine qui est perdue ou jetée par le consommateur, que ce soit dans les restaurants et hôtels ou encore à la maison » (RECYC-QUÉBEC, 2019).

Je vous invite d’ailleurs à consulter leur section portant sur le gaspillage alimentaire pour plus d’informations et des trucs pour le réduire. Quand on se réfère à la définition proposée par RECYC- QUÉBEC, la notion de « destinée à la consommation humaine » est ce qui peut interférer dans la compréhension de ce que peut être du gaspillage alimentaire pour certains et non pour d’autres.

Non seulement la définition de gaspillage alimentaire peut différer selon les sources consultées, mais d’autres biais peuvent engendrer la reconnaissance d’aliments gaspillés. Par exemple, faites-vous partie des gens qui retirent les parties moisies sur un morceau de fromage et qui le mange une fois nettoyé, ou êtes-vous plutôt du type à jeter le morceau en entier dès l’apparition de moisissure? Notre niveau d’évaluation de ce qui est dégoûtant ou non varie d’une personne à l’autre, ce qui influence alors notre perception de ce qui devrait être jeté ou non (Egolf, Siegrist et Hartmann, 2018).

De plus, pour certaines personnes, le fait de jeter un aliment qui n’est plus comestible ne constitue pas un gaspillage en soi, puisqu’il est impropre à la consommation humaine. Mais entre vous et moi, cet aliment, lorsqu’il a été acheté, était comestible. Ici, je fais référence au concept de procrastination. Si la personne avait consommé cet aliment avant sa détérioration, il n’aurait pas été jeté. Le phénomène de procrastination a d’ailleurs été étudié par quelques chercheurs (Blichdfelt, Mikkelsen et Gram, 2015; Evans, 2012). En plus d’une mauvaise planification des achats alimentaires, une autre raison pour laquelle certaines personnes attendent que l’aliment soit dans un état déplorable pour le jeter est liée à la culpabilité. Le fait de procrastiner permet de diminuer la culpabilité ressentie en jetant de la nourriture, car cela paraît alors justifié (Blichdfelt et al., 2015).

Si vous avez complété le quiz en ligne, vous avez constaté que nous demandions, pour chaque comportement, si vous les aviez effectués au cours des 6 derniers mois. Pourquoi poser cette question me direz-vous! Il s’agit d’un moyen de vérifier quels comportements entraînent du gaspillage alimentaire de façon non consciente. En identifiant les comportements induisant un gaspillage alimentaire involontaire, il deviendra possible de sensibiliser les gens sur ces comportements. Dans l’étude effectuée par les chercheures du programme des sciences de la consommation, les cinq comportements que les gens ont effectués au cours des six derniers mois en plus grand nombre sont :

  • Vider le reste d’une tasse de thé ou de café dans le lavabo.
  • Jeter les restes d’un repas qui ont été « oubliés » au réfrigérateur et qui présentent des signes de détérioration (ex. : mauvaises odeurs).
  • Jeter un fruit ou un légume parce qu’il était trop mûr (présence de taches brunes, texture molle).
  • Jeter un aliment qui traîne dans le garde-manger ou dans le congélateur depuis trop longtemps.
  • Mettre au compost des aliments qui ne sont plus bons à manger au lieu de les mettre à la poubelle.

Trois de ces comportements semblent découler d’une certaine procrastination ou d’un souci aigu pour l’innocuité. Peu importe la prédisposition psychologique ayant conduit à laisser l’aliment atteindre un état non comestible, il n’en demeure pas moins que ces gaspillages peuvent être diminués en effectuant une bonne gestion des aliments consommés. Il y en aurait tant à dire au sujet du gaspillage alimentaire, mais je dois m’arrêter ici : j’ai un costume d’Halloween à créer! Espérons que cette année autant les adultes que les enfants pourront profiter de l’Halloween et s’amuser à se déguiser et à festoyer entre amis!

 

Jacinthe Cloutier

Professeure adjointe et directrice des programmes de 1er cycle en Sciences de la consommation Département d’économie agroalimentaire et des sciences de la consommation

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