La maîtrise en sciences de la consommation : des recherches tournées vers l’action!
À la faveur d’une conférence à laquelle j’ai été récemment convié, j’ai pu jauger, à mon grand désarroi, de la perception négative (je dirai plus erronée) que le public se fait du travail scientifique. Pour les quelques personnes que j’ai pu sonder, la figure du chercheur universitaire se caractériserait par une certaine forme de condescendance intellectuelle, d’isolationnisme et surtout d’une déconnexion totale des réalités pratiques d’un monde en constant mouvement.
Si j’avoue reconnaître à travers ce portrait (peu reluisant) quelques facettes de ma profession, je reste tout de même sceptique quant à l’argument voulant que la recherche universitaire soit nécessairement à l’oblique des inflexions et problématiques concrètes de nos sociétés contemporaines. Même s’il est vrai que tout porterait à le croire au regard du nombre élevé d’articles scientifiques qui brillent par leur complexité et inaccessibilité, une autre partie de cet iceberg, celle plutôt invisible, semble réconcilier, dans une grande mesure, la science avec les préoccupations majeures des citoyens. J’en veux pour preuve le revirement scientifique extraordinaire ayant marqué ces dernières années les disciplines du « social » où l’on observe une collusion (dans son sens le plus éthique) de plus en plus gratifiante entre la recherche académique et la pratique professionnelle.
Dans les programmes en sciences de la consommation, notre ambition séminale a toujours été de donner un surcroit de puissance à la voix du consommateur, qu’il soit citoyen ou usager de biens publics ou privés marchands ou non marchands, afin qu’elle ait une résonance lumineuse au cœur des pratiques managériales des organisations. Pour ce faire, nous demeurons profondément convaincus que la recherche scientifique, dans sa forme la plus moderne, doit servir un idéal pratique, et par là même, permettre d’améliorer le bien-être des populations. Elle doit être à même d’articuler des solutions concrètes, d’encadrer les tendances profondes, de repérer les dynamiques à l’œuvre dans le changement des habitudes de consommation afin d’offrir de nouveaux espaces rénovés de la relation entre consommateurs et organisations.
C’est justement sur cette vision que se fonde la colonne vertébrale de notre maîtrise de recherche (M.sc) en sciences de la consommation qui vise à former des spécialistes de haut niveau capables, grâce aux connaissances et à la rigueur scientifique acquises, de contribuer de façon originale à l’élaboration de stratégies d’intervention applicables à des contextes variés de consommation (commercial, social, gouvernemental, etc.) avec en filigrane la recherche permanente du bien-être du consommateur.
Grâce aux travaux de nos étudiants qui s’approprient fort remarquablement cette philosophie, nous menons présentement des projets qui permettront, par exemple, de fournir des recommandations concrètes afin de prévenir l’abus financier chez les ainés (recherche menée par Patricia Long sous la supervision de la 
professeure Jacinthe Cloutier); d’identifier les facteurs d’attention susceptibles d’améliorer l’efficacité des communications écoresponsables (recherche menée par Arthur Kouekam sous la supervision du professeur Bernard Korai), de proposer des indicateurs de qualité pouvant jauger de l’efficacité des mesures de contrôle en santé et services sociaux (recherche menée par Marie-Pier Noël sous la supervision de la professeure Chantal Bouchard) ou encore de mieux comprendre les décisions d’arbitrage éthiques, environnementales et économiques des consommateurs afin de faciliter leur transition vers des modes de consommation alternatifs respectueux de l’environnement (recherche menée par Sylvain Tchoupou sous la supervision des professeurs Laure Saulais et Bernard Korai).
J’ose espérer que cette année 2020 sera, elle aussi, fructueuse en projets similaires. À tous nos partenaires, étudiants, collaborateurs et professeurs, je souhaite une année excellente et prodigieuse en tous points.
Bernard Korai Ph.D.
Professeur
Directeur du programme de maîtrise (M.sc) en sciences de la consommation