La rentrée, c’est le début d’une nouvelle aventure!
L’atmosphère sur le campus est en transition, passant d’un endroit tranquille à des rues qui fourmillent de milliers de personnes qui se préparent à (re)démarrer une année universitaire. Bien que le campus semblait désert au cours de l’été, sachez que nous étions plusieurs à travailler. Contrairement à une perception commune, les membres du corps professoral n’étaient pas en vacances tout l’été. Cette période devient propice à l’avancement de nos projets de recherche.
J’en profiterais ici pour expliquer en quoi consiste la responsabilité de professeur.e universitaire, car j’ai réalisé que plusieurs ne comprennent pas exactement les tâches de travail associées à ce poste. Il y a bien sûr l’enseignement et toute la préparation ainsi que les évaluations que cela inclue. Ce que j’apprécie de l’enseignement, et qui me manque tant au cours de l’été, c’est le contact avec nos personnes étudiantes adorées. Mais alors, que font les professeur.es l’été? Tout le reste! On peut répartir cela en deux autres volets : la recherche et le service à la collectivité. Ce dernier est un volet important concernant la gestion et la bonne gouvernance de l’Université. Après tout, les membres du corps professoral sont au cœur de toute université et sans eux, pourrait-on vraiment appeler cela une université?
Le service à la collectivité inclut également la communication de nos résultats de recherche à la population et aux décideurs. La recherche, étant majoritairement financée par les fonds publics, il est normal que nous redonnions à la communauté. Par exemple, à la suite d’un projet de recherche effectué par des professeures et professionnelles de recherche de la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation, dont le programme des sciences de la consommation fait partie, une vidéo explicative du fonctionnement des banques alimentaires a été mise à la disposition de tous. Je vous invite à la visionner, nous sommes très fières du résultat.
La recherche scientifique en sciences de la consommation, c’est quoi au juste? Premièrement, même si nous faisons partie d’une faculté orientée sur l’agriculture et l’alimentation, il est essentiel de souligner qu’on ne se limite pas à la consommation alimentaire et au domaine de l’agriculture. Les sciences de la consommation se concentrent sur l'étude du consommateur dans une relation de réciprocité au sein de son écosystème changeant. Par « consommateur », nous incluons la personne utilisatrice de biens et de services, ainsi que le citoyen ou la citoyenne et l'usager qui établissent des relations avec différentes organisations (privées, publiques, communautaires) et qui évoluent dans une société présentant divers enjeux et tendances.
Oubliez le scientifique dans son sarrau blanc qui manipule des éprouvettes. Notre laboratoire? Votre vie, rien de moins. Dès votre réveil, vous prenez des décisions de consommation. Votre réveille-matin, qu’il s’agisse de votre téléphone ou d’un appareil destiné à cette unique fonction, vous l’avez choisi, et ce, en fonction de différents critères : son prix, son aspect esthétique, les fonctionnalités supplémentaires offertes, son lieu de production, etc. Ensuite, vous décidez de déjeuner (ou non) à la maison ou au café du coin, tout en vous questionnant sur vos préférences (sucré ou salé, un café filtre ou un latte hors de prix). Pour vous rendre au travail (travail que vous avez choisi, je l’espère!), prendrez-vous la voiture (essence, hybride ou électrique) en covoiturage ou seul, le transport public (l’express ou le Métrobus ou encore un tramway dans un avenir proche), le vélo (que vous avez acheté neuf ou usagé parmi une multitude d’options) ou à pied dans vos chaussures de course ou de cuir? Nous n’en sommes qu’au tout début de votre journée et vous avez déjà pris plusieurs décisions de consommation.
C’est donc tout un univers qui s’offre à nous en tant que chercheurs en sciences de la consommation. La diversité des sujets qui nous interpellent est vaste, puisque le phénomène de la consommation est ancré dans plusieurs aspects de la vie de toutes personnes. Au-delà des simples échanges commerciaux, il faut considérer que nous sommes des consommateurs de services lorsque, par exemple, nous visitons un hôpital ou que nous renouvelons notre permis de conduire. Il vous suffit de consulter les billets de notre blogue pour visualiser les (non) limites du monde des sciences de la consommation. Vous ne serez donc pas surpris de constater la variété des projets de recherche actuels de nos professeures-chercheures et professeurs-chercheurs :
- Compréhension de l’expérience client dans le contexte des services non désirés;
- Utilisation du crédit par les personnes en difficulté financière;
- Approvisionnement des banques alimentaires, dans une logique de développement d’un outil d’aide à la décision en période de crise;
- Conditions de l’acceptabilité sociale des consommateurs face à des innovations agroenvironnementales;
- Développement du système provincial de contrôle de la qualité des services rendus aux usagers hébergés dans une ressource intermédiaire et de type familial;
- Déterminants de la littératie agricole et promotion des efforts agroenvironnementaux des producteurs auprès des consommateurs;
- Optimisation des pratiques d’approvisionnement des produits périssables dans les régions éloignées du Nord du Canada;
- Analyse des interactions de service dans l’industrie funéraire;
- Les consommateurs et les transformateurs alimentaires face aux produits à valeur nutritive améliorée;
- Mobilisation des sciences comportementales en appui à la transition socio-écologique;
- Vulnérabilité, résilience et transition universitaire des étudiants en période de pandémie.
Cette liste est loin d’être exhaustive, mais elle vous permet de constater à quel point votre vie peut devenir notre laboratoire de recherche. Les résultats de ces projets peuvent parfois être utilisés par des décideurs et ainsi avoir des incidences dans vos vies quotidiennes. Alors, quand on vous aborde pour participer à des études, n’hésitez pas à le faire! Plus les gens participeront, plus nous serons en mesure d’avoir un portrait qui se rapproche de votre réalité. Et nous serons ainsi en mesure de proposer des recommandations d’actions qui feront du sens pour vous et les gens qui vous entourent. Je me plais à le répéter, mais chaque petit geste compte. Si chaque personne qui a toujours refusé de participer à une étude (en répondant à un sondage ou en participant à un focus group) décidait de participer à une seule étude par année, cela ferait une énorme différence, pour NOUS, mais aussi pour VOUS !
Jacinthe Cloutier
Professeure agrégée et directrice des programmes de 1er cycle en sciences de la consommation
Département d’économie agroalimentaire et des sciences de la consommation